Page 18 - BULLETIN DE L'ISPAN No 40
P. 18
17
Selon les ordres du dépit de l’ordre d’incendier la ville, systématiquement sur la violence,
Capitaine général Leclerc, six mille les affidés chargés de cette la torture, les tueries et toutes
(6 000) à huit mille (8 000) hommes besogne n’arrivent pas à la autres expressions dégradantes
de troupes commandés par le concrétiser, de plus, la combinaison pour la personne humaine, ce qui
général Boudet et l’Amiral de différents facteurs néfastes et électrise encore davantage le climat
Latouche Treville débarquent au défavorables aux troupes coloniales subversif dans la ville capitale. Ces
Port Républicain en date du 05 ne pouvait que conduire à la fin de actes et bien d’autres pire encore
février 1802. La confusion règne la prédominance du général créent une mauvaise impression au
parmi les différents bataillons et Louverture sur le Port Républicain. sein de la population et se traduit
régiments de la ville-capitale qui La ville retombe donc sous l’autorité par l’extension des défections de
reçoivent ordre et contrordre effective du gouvernement de la tous les généraux noirs et mulâtres.
d’officiers français créole et métropole.
européens, de plus les troupes BATAILLE, SIEGE,
coloniales et européennes qui se REDDITION ET CAPITULATION
font face utilisent la même bannière La situation générale de St- DES TROUPES FRANCAISES DU
républicaine composée de bandes Domingue demeure explosive, et PORT REPUBLICAIN
verticales bleue, banche et rouge. elle n’est pas différente dans la ville
Dans cette ambiance de désordre capitale qui, elle, est marquée par Au mois de juin 1803,
généralisé, et de confusion, la des heurts quotidiens entre la l’écho de la rupture de la paix
défense militaire du Port Républicain population et les troupes françaises. d’Amiens arrive à St-Domingue, ce
se révèle inefficace, et c’est ainsi Afin de bien marquer les esprits qui met le corps expéditionnaire en
que les redditions des fortifications des citadins du Port Républicain, le situation délicate. Les troupes de
se font les unes après les autres et Capitaine-général Victor Emmanuel l’armée indigène, elles, créent leur
certaines fois sans résistance. C’est Leclerc se porte sur les lieux au bannière le18 mai 1803, jour de la
le cas de la redoute de Piémont, cours des mois de mars et d’avril rupture de la paix d’Amiens entre
des forts Bizoton, de Ça Ira à 1802. Cependant cette présence la France, l’Angleterre, l’Espagne et
Léogâne, de St-Claire, de l’Ilet.. est préoccupante pour plus d’un, autres. S’agit-il d’une coïncidence ?
L’évacuation du fort National par puisqu’en plus de son discours aux Le général Rochambeau, en apprenant
Magny et Lamartinière le 06 Février blancs et planteurs des environs, un la nouvelle, part en toute hâte du
1802 permet finalement au général décret insolite consolide le Port Républicain et se déporte à la
Boudet de s’emparer de la ville- rétablissement de l’ordre ancien. place du Cap-Français qui est la
capitale et de ses installations Quant au général Donatien résidence du gouverneur en cas de
défensives sans perte pour les Rochambeau, il met en œuvre une guerre avec les puissances étrangères.
troupes françaises européennes. En politique de terreur basée De leur côté, tous les généraux • Archives : Manioc (Bibliothèque nationale de France)
•Vue des remparts vers 1891 / témoins disparus
BULLETIN DE L’ISPAN • No 40 • Juillet Octobre 2019